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Auprès de mon arbre par Anne Höffel

De son belvédère de Girois Brice Malézieux regarde Saint-Céneri cascader vers la rivière. Un bonheur dont il sait prendre quotidiennement la pleine mesure. Mais il ne suffit pas d'être heureux -ni, il est vrai de se dessécher au... "Soleil noir de la mélancolie"- pour éprouver "en artiste". Encore moins quand on projette une oeuvre. Surtout quand il faut se défendre contre les tentations d'un pittoresque répertorié, voire officialisé.
Savoir dire NON; NON aux séductions d 'un... "des plus beaux villages de France", garanti par label; NON à ses "points de vue", à ses "panorama" estampillés sur la foi des guides touristiques. Les errances... microcosmiques d'un peintre enraciné ne recoupent que rarement les déambulations des béotiens béats qui estivent sur ses terres. Le gourmet d'images ne saurait se restaurer à ces "fast-food" - ou ces fast-views- pour photographes intempérants.


Car peindre c'est d'abord débouter le site qui trop incite.

C'est justement par son pouvoir de refus que Brice Malézieux atteste qu'il ne confond pas l'art et l'iconographie commerciale.

On se plaît à rêver qu'A.J.Claire le lui a peut être enseigné jadis quand Brice -enfant- suspendait sa turbulence à l'approche du Maître de Saint-Céneri venu là s'enivrer des pommiers du Val de Sarthe ... Claire... qui aujourd'hui l'adouberait...

Mais le propre d'un maître c'est d'encourager à se former contre lui..."Tu es peintre et parce que tu es peintre tu dois inventer ta matière". Brice malézieux prolonge mais n'imite pas. Ne serait-ce que par sa façon d'orchestrer les Verts. Une épreuve de vérité, les Verts! Qui a quelque fois tâté d'un pinceau en témoignera : les harmoniser et c'est toute la palette qu'on saura dompter. Pourtant si l'on cessait à définir l'originalité de Brice Malézieux c'est curieusement une impression d'unité dans le dissemblable qui paraît la révéler. Du moins en est-ce une approche.

Qu'il peigne les hivers ou les étés, on est saisi par ... une volonté d'immobilité dont il empreint ses tableaux. On serait tenté de risquer le qualificatif de "hiératique" si le mot n'effarouchait.

Ainsi ses arbres.

Sur champ de neige, sur champ d'eau, qu'ils se mirent ou s'érigent...non pas figés, encore moins pétrifiés, il s'affirme avec une étrange vigueur, une impassibilité de témoins incorruptibles. "Arbre pareil à moi" disait une poêtesse- enfant...troncs diaprés, vernissés, écorces soyeuses ou "venu le temps des froidures"-stoïques contempteurs d'horizon, ses arbres contrôlent l'espace pictural, le charpentent, lui confèrent son échine hivernale ou sa ductilité charnelle -estivale. L’immobilité, selon un très ancien philosophe- l'incertain Parménide- constitue l'expression même de la perfection : Brice Malézieux ne la quête-t-il pas, lui aussi, cette immobilité, comme une conjuration des grands dérangements auxquels sa vie profane le contraint? Car, peintre à ...temps dérobé, c'est par la condition arboréènne qu'il "entrerait en possession des sympathies de sa Nature". Rêverie ligneuse de qui "hait le mouvement qui déplace les lignes..."
Ainsi se concentre- et se centre- une existence de peintre que les nécessités quotidiennes écartèlent.

"Deux liards couvriraient fort bien toutes ses terres" et pourtant, il sait qu'il n'en épuisera ni les échappées fugaces, ni les "instants d'éternité". Il lui restera toujours à exploiter : un rai de soleil, une brise qui échevèle un branchage et c'est une intimité qui se dévoile. De même que Degas peignait " la femme à sa toilette" et non la poseuse odalisque, Brice Malézieux poursuit, en voyeur, les confidences d'un site las d'être courtisé "en majesté".

Un art discret, sans emphase et sans "effet" parce qu'il sait mettre des bémols à sa palette ; trop d'esprit et d'ironie pour sacrifier aux théories et aux spéculations oiseuses, assez de savoir-faire pour circonvenir au plus juste son sujet. Pas un peintre "batteur d'estrade", Brice Malézieux!
C'est ce qui lui confère sa qualité.
Et le rend éminemment fréquentable.


Anne Höffel
tous droits reserves Conception : Johan MIROL