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Les pigments de l'été par Anne Höffel

« J’ai vu ce peu de terre infiniment rythmé
me donner le vertige des distances profondes ».
Paul Fort.

Brice Malézieux : les pigments de l’été…

Il se donnait à voir dans une cimaise de Barbizon. Une référence. Mais Brice Malézieux n’oublie pas que c’est par la Galerie Jean Vigile - où il a châssis à demeure comme d’autres pignon sur rue - qu’il assure son ancrage local. Sympathie et estime réciproques… Ainsi a-t-on pu suivre, d’une exposition l’autre, ses variations thématiques au point qu’on pourrait prétendre au privilège d’une rétrospective permanente.
Il y eut le temps où il semait ses …nymphéas sur les eaux ensomnolées de « sa » rivière ; l’époque des neiges ouatant son village ; celles des fresques où il se plut à envisager le Val - de - Sarthe en panoramique. Pour s’en revenir, « plein d’usage et raison », vers des toiles apaisées, intimistes, des œuvres d’ateliers, tels ses chapeaux (en peine de quelles têtes défaillantes ?). Puis vinrent les escaliers comme un vertige ; une hantise peut-être : sait on jamais si ce sera verticalité ascendante ou descendante, espérance ou abîme ?
(Car la peinture de Brice Malézieux dissimule souvent une discrète anxiété…)
Jusqu’à son obsession des toits qui le fit soupçonner d’un complexe d’Asmodée. Escapade citadine dont il nous revient sur un tout autre registre. Changement de palette dynamise l’artiste : il éclaire ses toiles, donne licence aux couleurs éclatantes, euphorise alors qu’il ne peignait plus que sur le mode mineur, nuançait, réfrénait, tamisait…
Désormais comme « débridé ».
Il verlainisait ~ « pas la couleur, la nuance » ~ et il fait donner les cuivres par une sorte d’ivresse de l’éclat des tons et une volonté de ne plus retenir que l’essentiel, l’impression brute.
Révolution esthétique et technique (indissociables d’ailleurs) : il privilégie la brosse sur le pinceau, la touche large et franche à la sagesse maîtrisée des à-plats.
Paysages encore mais en majesté chromatique. Pour un peu on le croirait tenté par une figuration fauviste. A la délicatesse feutrée qu’il affectionnait, cette recherche d’un ou plusieurs bémol qui assourdissent l’orchestration du tableau, il force la note. Toujours le thème privilégié des aperçus dérobés sur chaumières et ruelles mais il en exalte désormais non les camaïeux confidentiels mais les ocres et les rouges.
Peinture en fête.
Comme si était venu le temps d’un bonheur pictural et qu’il éprouvait un enthousiasme dont il s’était jusqu’alors défié dans l’approche du « motif ».
Pourtant ce qui demeure c’est la manière ~ tout maniérisme exclu ~ dans la mise en perspective de ses espaces. Toujours saisis « à profil perdu », plongées et contre - plongées comme s’il lui fallait surprendre, en deçà de l’apparence anodine, l’insolite travesti en fausse banalité. Ceci sans « effet » facile. Pas de « la peinture à l’estomac » Brice Malézieux ne sera jamais un « faiseur ». Il ne peint pas à l’épate et juge dérisoire ce qui relève du bluff dont assaisonnent leurs toiles les faux tourmentés du chevalet.
Un peintre heureux ? Réconcilié avec la couleur ? Pas de ceux qui, dans une certaine conception pseudo romantique, gagent leur talent sur la malédiction et n’enfantent l’œuvre qu’aux forceps. L’été de Brice se savoure dans la sérénité. On croirait l’entendre, devant son sujet tout simplement fredonner « en Rimbaud dans le texte » :
« C’est un trou de verdure où chante une rivière… »
Peut-être a-t-il trouvé son ton et sa mesure.




Anne Höffel
tous droits reserves Conception : Johan MIROL